mercredi 12 novembre 2014

Il n'y a pas photo






     Il me prit l'envie  - la nécessité  - de le photographier. Non par surprise, photos volées, faites de loin, téléobjectif aidant, mais de face, de près, en pleine lumière, lui en pleine connaissance de cause. J'en pris vite l'habitude. L'appareil toujours à portée de la main, en promenade, faisant les courses, en visite, au musée, à une exposition... Je ne m'en séparais plus. J'ai déjà vécu cette manie pour d'autres choses.

     Je les lui montrais, naturellement. Je ne suis pas aussi beau que cela , disait-il. La photo ment. Tu trafiques, tu joues avec la lumière. Tu triches avec mon image... Je riais. La photo est peut-être belle, je lui rétorquais, mais le sujet ? Il m'inspire, me donne des idées. Je t'étudie. Je t'observe. Te surprend dans des moments où tu ne t'y attends pas.. Je voudrais à travers elles te connaître... Tu me traques, alors ! Tu m'effaces ! et il riait. L'image emmagasinée et tu es déjà un autre... C'est ainsi que je te vois, seulement à l'instant de la prise de l'image. Et il est déjà trop tard. Je ne t'imagine pas. Je cherche à te peindre, à surprendre sur ton visage tes pensées du moment. L'instant présent. Ton présent.


      Qui es-tu pour me troubler ainsi ?