mardi 30 avril 2013

( 169 )

16 septembre


     Tu ne pourras jamais savoir ce que tu es pour moi ne le sachant pas moi-même.

     Saisi de vertige devant tant de beauté...

     Par quel heureux hasard, quelles influences, quelles confluences, quels tropismes, tant de bénédictions réunies en une seule personne : Toi ? Tant de félicités que rien ne vient ternir. Quel instant que cette rencontre ! Quel homme heureux que celui qui en est le témoin ! Quel bonheur de pouvoir dire : je fus cet homme-là.

dimanche 28 avril 2013

( 168 )

16 septembre


     Peut-on être plus sage que le sage qui ne cherche pas s'il n'avait déjà trouvé ? Oui, je ne t'aurais cherchée si déjà je ne t'avais trouvée. Oui, c'est en moi que le désir de découvrir avait racine, qu'au plus profond de moi se trouvait le modèle, le référant à l'aune de laquelle je t'ai imaginée, mesurée, comptée... C'est en moi, si proche et si lointaine à la fois, que tu te tenais, autre moi-même, recherchée de tout temps, sœur méconnue, part de moi-même à réconcilier et jamais encore approchée. Que t'ai-je cultivée avec la même ferveur qui me faisait lâcher la proie pour l'ombre, courir après des fantômes moqueurs, poursuivre l'esseulée aux yeux si beaux et si tristes ! Alors qu'en moi, un trésor ignoré jusqu'alors sommeillait, de toute éternité présent, une personne de beauté pure, un être de lumière... 






jeudi 25 avril 2013

( 167 )

16 septembre


     Elle, transfigurée - idéale figure de proue qu'aucun navire ne portera jamais sur aucune mer - perdue et retrouvée, première silhouette reconnue du voyageur débarquant au port.

     Ne sommes-nous pas parvenu au terme du périple : circumnavigation en quête de l'envie ? Et l'émotion si rare et si intense à retrouver l'amie, si envahissante, montant, montant telle une marée de printemps, débordante, s'enflant, submergeante, énorme comme une vague douce.

     Elle, immarcescible - présence prégnante, tant attendue, tant espérée - tout à la joie de la retrouver, si simplement, tacite connivence, comme si nous ne nous étions jamais quittés, Elle en moi, moi en Elle, continuant de vivre, sans que j'y ai pris garde, discrète, telle un être timide, se laissant oublier, de toujours protégée, de toujours abritée, croyant la perdre à chaque instant, à chaque instant la retrouvant comme une blessure d'enfance, toujours vive et fraîche, à jamais calmée, la cicatrice douce au toucher. Un si long périple pour une telle évidence ! La découvrir en soi, radieuse, illuminant soudain votre existence telle un roi mage. Un si long voyage intérieur pour cet instant de plénitude !



mardi 23 avril 2013

( 166 )

15 septembre


     En finir. Ah ! que l'on peut vite arranger et dire certaines choses alors qu'elles sont toujours là, vous collent à la peau quand ce n'est pas à l'âme... En finir, est-ce s'arracher à la tourmente, sortir du labyrinthe où l'on s'est laissé enfermer ?  Mais était-ce par mégarde ? N'y sommes-nous entré en ce jardin, n'avons-nous pas franchi ses grilles, attiré par un bruit de fontaine, un chant d'oiseau, une branche aperçue au-dessus d'un mur ? Et nous voici à piétiner des plates-bandes inconnues, froissant des feuillages jamais aperçus, brisant des fleurs étranges, respirant des parfums insolites, ne sachant où diriger nos pas, où poser nos pieds, crainte de détruire une harmonie inconnue,  errant en ces lieux comme un corps étranger à ce monde. N'était-ce pas un rêve ?
En finir. Trouver la clé, la force de s'évader de ce cercle magique et envoûtant. Existe-t-elle cette clé ? Cette force est-elle du domaine du monde réel ? Nous trouverons-nous, un jour, sur la touche encore étourdi de l'excursion comme, enfant, sautant du manège encore en marche, nous tombions sur place, tout désorienté, déséquilibré, les oreilles bourdonnantes ? Aurons-nous la volonté de suivre, le comprendrons-nous enfin, ferons-nous nôtre le conseil de Pessoa de tourner la page sur une nouvelle ironie ? Serais-je encore trop plein, trop attaché au monde terrestre pour espérer atteindre cette sereine mélancolie ?




dimanche 21 avril 2013

( 165 )

15 septembre


     Finirais-je par te retrouver, te rattraper, depuis si longtemps que je te cherche ?

samedi 20 avril 2013

( 164 )

15 septembre


     Il n'y a d'autre chose, pas de mots ici-bas que mon ennui sans borne, qu'un espace et un temps désolés, un espace nu, sans végétation aucune, dépourvu de sa terre, qu'un espace flottant, sans lieu ni temps, sans appui pour tenir et aller. Où irais-je d'ailleurs en cette nuit sans fin, cette nuit qui me blesse et que j'aime tant. Elle me colle au corps et me baigne, cette nuit où je sais que tu rôdes. Où irais-je mains tendues puisqu'il n'y a pas d'autre ailleurs que toi ? Cette nuit qui m'unit à toi, où je retrouve et te perds, cette nuit où tu t'évanouis.

vendredi 19 avril 2013

( 163 )

15 septembre


     Il va, il vient, il aime le souffle tiède du vent, respire avidement les senteurs des herbes coupées. Il cueille au passage les fruits du paradis. Il butine. Elle est l'une des fleurs qu'Il a visité. Il vit.

     La fleur amoureuse du papillon qui vient de l'effleurer. Un souffle, une brise, une respiration. Un instant troublée la fleur et la voici fécondée.

     De quelle banlieue de l'esprit est-Elle ?

mercredi 17 avril 2013

( 162 )

15 septembre


     Lui : Reviendras-tu, dis-moi ?

     Le cynique : Pourquoi cette question ? Tu le sais qu'Elle reviendra et pourquoi Elle reviendra: laisse-lui le temps et flatter ton amour-propre, petite incursion en ton jardin que tu dis, que tu veux, secret...

     Lui: Tu es revenue et tu seras toujours là. Ah, ce sourire, cette douceur, cet abandon, cette tristesse, cette mélancolie qui sied tant à la charmeuse, ce regard, ces gestes, cette voix, cette manière de poser ses mots.



lundi 15 avril 2013

( 161 )

15 septembre


     Reviendrais-je encore une fois aux mêmes questions ? Tournerais-je sans fin les mêmes paroles au moulin labyrinthique ? Cercle magique auquel je ne puis échapper. Ah ces attraits, ces feintes ! Cruelle séduction, quels charmes que berceuse répétée !

     Je voudrais enfin te contrarier en insistant ainsi ; me diras-tu qui tu es ?

dimanche 14 avril 2013

( 160 )

15 septembre


     N'aurais-tu plus rien à me dire, plus rien à m'apprendre, à m'offrir ?

samedi 13 avril 2013

( 159 )

14 septembre


     Jour après jour, même (et surtout) si chacun ajoute à la solitude de l'autre, Elle me devient plus désirable.

     Tout à ces pensées nomades, fait irruption soudain une hésitation, comme un soupir sur la partition, un silence bref, perfide et taraudeur, une petite phrase : Et si Elle ne revenait pas  ?

     Impossible de se faire à cette idée, de continuer de vivre avec. La pluie ne convient pas à la fleur bafouée. Elle, perdue, le ciel est vide, déserté de son soleil. Demeure à sa place un trou. Une blessure.

     Les souvenirs sont blessures cachées.


jeudi 11 avril 2013

( 158 )

13 septembre


     Pourquoi ne viens-tu pas ? Sans un signe de toi. Qui te retient ? Qui t'en empêche ? Ton libre-choix ? Le mépris ? Ta fierté ? Cela, jamais je ne l'apprendrais, condamné que je suis à languir en silence. Saurais-je seulement me réfugier dans le silence et souffrir l'ineffable de loin ?

     Avec qui ai-je vraiment communié de toute mon existence ? Personne. Les gens se fuient, s'évitent.

lundi 8 avril 2013

( 157 )

15 septembre


     Que de craintes formulées à ton sujet, d'inquiétudes qui m'assaillent... comme si tu étais seule à affronter le monde, démunie et faible. Autres illusions ! Prétendrais-je à te rassurer, te guider, t'aider, te secourir ? Saisi d'effroi, parfois, quand je pense à toi, que je t'imagine, plus tard, plus loin ... Et là aussi n'est-ce pas sur ma propre solitude que je m'apitoie, sur mon propre devenir, ce malheur infini d'être seul, d'être, nous deux, des étrangers l'un pour l'autre ?

     Ces différences qui hérissent chacun et dont personne ne peut se déprendre... Faux obstacles, plus puissants qu'aucun répulsif chimique et qui feront rester face à face deux êtres sur la défensive. Deux êtres, deux mondes inconciliables.



samedi 6 avril 2013

( 156 )

15 septembre


     À force de l'attendre, de la chercher, de l'imaginer, de la sentir arriver derrière moi, une jubilation proprement hallucinatoire m'envahit. Je suis obligé de faire halte en ce désert empli de mirages ; pris de vertige, je ferme les yeux, ne veux plus rien entendre ; et son ombre survient, sa silhouette se découpe sur un soleil noir, son visage de lumière, son sourire ; ne viens-tu me narguer ? Oserais-je rouvrir les yeux, regarder le monde en face ? M'éveillerais-je de cette rêverie, secouerais-je cette léthargie chaude et lancinante, panserais-je ces déchirures sans larmes ?



vendredi 5 avril 2013

( 155 )

15 septembre


     Les mots seuls pourront-ils me rendre le bonheur perdu? Me parleront-ils de celle attendue ou bien ne me donneront-ils seulement que son  pâle reflet, telle une clarté blafarde et frileuse d'un soleil de minuit ?

     Ces jours-ci, l'impatience prend son nom.

mercredi 3 avril 2013

( 154 )

8 septembre


      Son silence fait venir l'hiver et me glace, une froidure traversière.

      Elle, comme le bleu du ciel espéré et jamais tenu.

      Je vais encore une fois abandonner la partie avant qu'elle ne soit commencée.

      Quand viendras-tu m'arracher à ces ténèbres ? Chaque jour qui point m'approche du jour.

      Si sûr de sa bonne mine, de sa fortune... Indifférente ? Que cherches-tu ? Ne vois-tu pas que je te tends la main ?

      À moins - mais cela est certain - que ce soit moi qui appelle au secours...

      Un silence, ce silence comme un gage, une promesse. Promesse d'être là. Aujourd'hui, encore, une présence invisible, si légère, si fugace. Aérienne. 

      Que caches-tu en toi, quelle énigme dont tu n'as peut-être pas même idée, quel mystère, quel non-dit et qui ne peux que te faire souffrir ? Cette craintive et peureuse démarche, je le vois bien, je le sens bien et qui m'attire, t'auréole... Un secret que tu veux soigneusement taire, toi si avare de paroles, de confidences. N'aurais-tu confiance en toi, n'aurais-tu éprouvé la force cachée en toi ?

      Questionnement sans fin ni rime ni raison... Viendras-tu me détromper, faire parler la sibylle. Serais-je si peu habile en cette maïeutique ?



lundi 1 avril 2013

( 153 )

12 septembre


     Ton silence est comme  un hiver et me glace, une froidure traversière.

     Elle, comme le ciel bleu espéré et l'espérance jamais tenue.

     Je vais une nouvelle fois encore abandonner la partie avant qu'elle ne soit commencée.

     Quand viendras-tu m'arracher à ces ténèbres ? Chaque jour qui point me rapproche du jour.

     Si sûre de ta bonne mine, de ta fortune... Indifférente ? Que cherches-tu ? Ne vois-tu pas que je te tends la main ? Ou tu le vois que trop et refuse.

     À moins - c'est plus que certain - que ce ne soit moi qui appelle au secours.