Carnet 26

26 septembre 2009



Un jardin des délices
en approche caressante
effleurement éloignement
objet de mes délires
au fond de la barque
une écaille frémissante

Carnet 26

30 août 2009

La vie
au vent
se défeuille et s'envole 

ainsi les rêves
au vent
vers d'autres rivages
se perdent

Carnet 26

25 février 2009

Sur la souche où je butte
Et trébuche
L’arbre me fait signe et m’interpelle
Lui qui avait fait souche
Plein de petits autour.

Qu’as-tu fait de mon ombre, me dit-il,
Pour qu’ils grandissent autour ?

Carnet 26

29 août 2009

Faut-il peut-on sortir du cercle infernal
qui fait, selon Michel del Castillo que  « nous ne sommes (…) rien que nos apprentissages et nos souvenirs, rien d’autre que le récit que nous nous faisons de nos actions et de nos pensées ?　»

Nous parlons sans savoir
À tort hors de saison
Le mot tel une balle lancée
Ricoche
Et nous revient changé.

Mémoire déchirée
À tout vent semée
Un miroir brisé
Les morceaux recollés
Image recomposée
Mes moires en grimoire.

Carnet 26

01.09.2010

La flamme

          La flamme de la chandelle avant même de s'éteindre porte en elle le fuligineux dans ce qu'elle a de plus clair et de plus éclairant tel un soupçon d'ombre qui se consume et qui au moment même où elle vacillera prendra corps se révélant s'intensifiant et de s'épandre en un tortillon noirâtre se dissipant aussitôt dans l'air.

          Nous en sommes en ce point et plutôt que de laisser quelque espoir vain de résurrection il serait temps de moucher la mèche tombante lui évitant ainsi une si peu glorieuse fin.



carnet 26

26.08.2010

Marcher

Marcher, marcher... Jusqu'où ?

Ne le demande pas.
Va. Là-bas. Plus loin.

Toujours au-delà de toi

Croisant ta fatigue.



Carnet 26

24.08.2010

 En chemin

        Et grimpant un chemin de chèvres sous le soleil ardent d'un soleil de midi au creux des schistes brûlants figés arrachés de la terre profonde surgis parmi les plantes sèches dans le silence des semences aux senteurs de carbone craquantes prêtes pour l'étincelle.

carnet 26

05.03.2010

Ce soir un grand frisson noir

S'éprend de l'arbre dans la cour

Le saisit et l'ébranle

Et tout son corps frémit

Et la cour avec lui

Une envolée soudaine

De feuilles migratoires

Carnet 26

23.02.2010

    Ah ! voici ces éclats de lumière

un goût de cendre sur la peau

Un vent nouveau les apporte

venu de la mer.

Carnet 26

14.05.2009

L'idée

soudaine

que quelque part

on a raté sa vie

comme on rate un virage

au tournant pas vu

et qu'il en aurait été

tout autrement

carnet 26

24.08.2010

Et l'arbre en sa force de l'âge fût abattu

Le tronc démembré et débité

Ainsi naquit la planche au fil du bois

A la mesure de la porte clouée

Assemblée à d'autres planches

Poursuivant sa vie d'arbre

Battant au vent protégeant bêtes et gens

Polie tannée

Tel un rêve de bois

Douce comme un parchemin

Une histoire oubliée

Carnet 26

20.02.2010

L'orage

     Il n'y a rien de plus éclairant qu'une défaite. J'en veux pour preuve, après l'orage, cette lumière triomphante presque indécente et qui lave le ciel et repousse les nuages balourds qui fuient, la queue basse, sans avoir l'air de battre en retraite.

     Chaque chose s'égoutte et respire, lavée, comme flambant neuve.

Carnet 26

26.01.2010

Soir

Dans la lumière bleue

nous sommes

nous tenant par la main

descendus vers l'ombre

et tes yeux dans le noir

luisaient

se plantant dans les miens

Caresse-moi

as-tu dit

Carnet 26

13.05.2009

par delà le chemin...

Nous irons main dans la main

par les chausses et les trappes

les flaques et les ronciers

au défi des ornières

jusqu'au bord du monde

là où finissent nos rêves

Carnet 26

09.05.2009

Les mots

de la nuit des temps

 jusqu'à nous sont venus

portant un air d'autrefois

blanchis sous les couleurs du jour

une rose fanée

et qui n'en finit pas

de dire le parfum



Carnet 26

25.03.2009

Oserais-je ?

Oserais-je 

comme en ton regard j'en devine l'envie 

m'approcher ?

Oserais-je

ma main frôlant ta main

 mes lèvres effleurant tes lèvres

enlacer nos solitudes ?

Déjà ta tête penche

à respirer ton corps

ma bouche aspire

ton oreille et ta nuque

Mes mains te caressent

et dessinent ton corps

ta peau glisse douce

au satin du matin

Pourquoi en toi

un tel frémissement ?

Le sel de tes larmes

l'eau de ta bouche

et l'air que tu respires

je voudrais les cueillir

fruits de paradis

Tu m'affoles et me grise

Porterais-je en toi

et la force et la grâce ?